La Pologne a annoncé lundi 23 janvier qu'elle allait demander à l'Allemagne son accord pour livrer des chars à l'Ukraine. Toutefois, la Pologne a prévenu qu'elle était prête à se passer de l'aval de Berlin, qui n'a "pas encore" pris de décision sur la livraison de chars Léopard, de fabrication allemande à l'Ukraine, laquelle les réclame avec insistance.
Les chars Léopards sont susceptibles de jouer un rôle d’importance sur le champ de bataille, face aux troupes russes. Photo : Le Monde
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a annoncé, lundi 23 janvier, que son pays allait demander l'accord de Berlin pour livrer à l'Ukraine des chars d'assaut Leopard, de fabrication allemande. En vertu de la législation allemande, un pays possédant des armements allemands doit demander l'autorisation de Berlin pour les transférer à un pays tiers. "Nous allons demander un tel accord mais c'est une question secondaire", a réagi lundi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki devant des journalistes. "Même si nous n'obtenons pas leur accord (des Allemands), nous donnerons nos chars à l'Ukraine dans le cadre d'une petite coalition, même si l'Allemagne n'en fait pas partie", a-t-il ajouté, rappelant que son pays cherchait à créer une "coalition" de pays prêts à livrer des chars aux Ukrainiens.
Quelles sont les caractéristiques du char Leopard ?
Le char lourd Leopard 2, dont l'Ukraine réclame la livraison depuis des mois à l'Allemagne et aux Occidentaux, est une arme de renommée mondiale, susceptible d'avoir un impact "significatif" sur le champ de bataille, selon les experts.
Construit à la fin des années 70, le Léopard de fabrication allemande par Krauss-Maffei affiche une fiche technique impressionnante. Dédié au combat, le char pèse une soixantaine de tonnes, ce qui ne l'empêche pas de réaliser des pointes à près de 70 km/h grâce à une imposante motorisation diesel de 1500 chevaux. Il se révèle par ailleurs opérationnel sur de longues distances, avec une autonomie approchant les 450 km. Côté armement, il est doté d'un canon lisse d'un calibre de 120 mm. Enfin, d'un point de vue plus défensif, il bénéficie, comme le souligne son fabricant, d'une "protection passive intégrale". Celle-ci se montre efficace contre les mines autant que les lances-roquettes. Embarquant à son bord un équipage de quatre personnes, le Leopard 2 s'est vu doté d'outils technologiques - comme un équipement de vision nocturne - qui lui confèrent la capacité de localiser et cibler l'ennemi, y compris à longue distance.
L’Allemagne en mauvaise posture
Le gouvernement allemand apparaît divisé sur la question. Jusqu'ici réticent à se prononcer, le chancelier Olaf Scholtz, à qui il appartient au final de trancher, se retrouve ce lundi 23 janvier sous une pression toujours plus forte.
Les membres du gouvernement allemand ne semblent pas tenir le même discours. Dimanche soir, Annalena Baerbock, ministre écologiste, a affirmé que l'Allemagne était prête à autoriser la Pologne à envoyer ces chars. "Si on nous posait la question, nous ne nous opposerions pas", s’est alors exprimé la ministre écologiste, qui gouverne en coalition avec les sociaux-démocrates d'Olaf Scholz et les libéraux.
Lundi, Steffen Hebestreit, le porte-parole du chancelier allemand, a reprécisé sa position au cours d'une conférence de presse : "Le gouvernement fédéral n'exclut pas que des chars Leopard soient livrés, il n'a pas encore décidé s'il allait le faire maintenant".
Cette livraison serait à en croire les Allemands qu’une question de temps.
La France livrera-t-elle aussi des chars ?
De son côté, Paris n'exclut pas de livrer des chars de combat lourds Leclerc à l'Ukraine pour la soutenir dans sa guerre contre la Russie, a déclaré, dimanche, Emmanuel Macron au côté du chancelier allemand Olaf Scholz.
Amel Joret
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