Handball, football ou rugby, de nombreuses fédérations sportives françaises sont éclaboussées par des scandales judiciaires depuis plusieurs jours. Une situation du sport français alarmante. On fait le point sur ces différentes affaires.
Les 3 président mis en cause. Montage : Julien Poireau
Depuis quelques jours, de nombreux présidents de fédérations sportives en France sont mis en cause, dans des scandales et/ou des affaires judiciaires. L'occasion pour la Rédac' de faire le point sur le cas de 3 d'entre eux : Bruno Martini, Bernard Laporte et Noël Le Graët.
1 - Bruno Martini
Bruno Martini est président de la Ligue nationale de handball depuis novembre 2021 - Photo : A. Ferreira/L'Équipe
Bruno Martini est président de la Ligue nationale de handball depuis fin 2021. L’homme âgé de 52 ans est visé par une enquête préliminaire, et poursuivi pour "corruption de mineurs" et "enregistrement d'images pédopornographiques". Une information révélée par Franceinfo, auprès de source judiciaire.
L'affaire commence avec la plainte d'un adolescent de 13 ans à l'été 2020. Accompagné de sa mère, il explique à la police avoir été approché sur un réseau social par un homme qui l'a amené à échanger avec lui plusieurs selfies et vidéos à caractère sexuel. L'homme lui avait même proposé un rendez-vous et payé un taxi pour le faire venir jusqu'à lui. L'adolescent a finalement rebroussé chemin au dernier moment. Derrière le pseudo utilisé par le suspect sur internet, les enquêteurs de la brigade de protection des mineurs ont finalement découvert Bruno Martini.
Après plus de deux ans d'enquête, le champion du monde 1995 et 2001 avec l'équipe de France a été interpellé et placé en garde à vue lundi matin. Déféré mardi soir au tribunal de Paris, il a été laissé libre en vue d'une probable comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Après des mois d'enquête, aucune autre victime n’a pu être identifiée. Ses deux appartements, à Paris et à Montpellier, ont été perquisitionnés et son matériel informatique a été saisi.
Bruno Martini a reconnu devant les enquêteurs avoir approché le jeune garçon, mais assure avoir cru qu'il avait plus de 15 ans, malgré un visage juvénile sur les clichés. Après deux jours de garde à vue, par ailleurs en plein Mondial de handball, il a été laissé libre mardi soir en vue d'une probable comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, sur le mode du "plaider coupable". Dans ce cas, en échange de la reconnaissance de sa culpabilité, il lui sera proposé une peine inférieure à celle encourue de cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende.
2 - Bernard Laporte
La garde à vue de Bernard Laporte a été levée mardi en fin d'après-midi. (P. Lahalle/L'Équipe)
Bernard Laporte est président de la Fédération Française de Rugby (FFR) depuis décembre 2016. Il a été placé en garde à vue mardi 24 janvier dans une affaire de blanchiment de fraude fiscale aggravée. Des accusations qui viennent alourdir le dossier du président Laporte. En effet, ce dernier est déjà engagé, depuis septembre, dans un dossier judiciaire.
Lors de sa garde à vue, Bernard Laporte était accompagné de son conseiller fiscal. Ce dernier a communiqué à l'AFP mardi 24 janvier que l'affaire porterait sur "une donation consentie il y a plus de 12 ans à un ancien rugbyman ami et associé de Bernard Laporte, donation qui n'aurait pas été régulièrement déclarée à l'administration fiscale". "Il est établi que Bernard Laporte n'a perçu aucune somme et ne se trouve impliqué qu'en qualité d'associé", a-t-il ajouté, soulignant que ni la FFR ni le rugby en général ne pouvaient être "impactés par ce dossier privé". Pour le moment, aucune charge n'a été retenue.
Entendu durant une bonne partie de l'après-midi, l'ancien sélectionneur du XV de France risquait gros. En effet, d'après le ministère de la Justice : "Une personne coupable de blanchiment de fraude fiscale risque une peine de 375 000 euros d'amende et 5 ans d'emprisonnement." Mais la garde à vue a pris fin en tout début de soirée et à ce stade, aucune poursuite n'a été retenue à l'encontre du natif de Rodez. "Il est sorti sans aucune convocation de police, ni de présentation à un juge d'instruction", a déclaré à l'AFP l'un de ses avocats, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi.
Alors que la France entre dans une année de Coupe du monde de rugby, qui se déroulera en France, Bernard Laporte avait déjà dû se mettre en retrait et abandonner toutes les prérogatives d'un président de la FFR sous la pression du ministère des Sports et du comité d'éthique après sa condamnation le 13 décembre pour corruption, trafic d'influence, prise illégale d'intérêts pour des délits commis dans l'exercice de ses fonctions. Une nouvelle affaire qui entache encore un peu plus une fédération mise à mal, et dont les élections internet se déroulent en ce moment même.
3 - Noël Le Graët
Noël Le Graët au bord d’un terrain - Photo : Nicolas Créach
C’est le mercredi 11 janvier 2023 que le règne de Noël Le Graët à pris fin sur la Fédération Française de Football (FFF). Un siège qu’il occupait depuis 2011, ayant profité de la mise en retrait de Jean-Pierre Escalettes suite à la contre-performance française à la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud.
La mise en retrait de Noël Le Graët de la première fédération française intervient dans un climat récent ponctué par les polémiques. L’homme de 81 ans avait été mis en cause par plusieurs femmes pour des cas de harcèlement au sein de la FFF. Une situation qui avait poussé la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera à diligenter un audit interne à la fédération. Comme si cela ne suffisait pas, Le Graët à créé son ultime polémique, suite à une déclaration sur RMC, à propos de Zinédine Zidane. “Je ne l'aurais même pas pris au téléphone, a-t-il lâché. Pour lui dire quoi ? “Bonjour monsieur, ne vous inquiétez pas, cherchez un autre club, je viens de me mettre d'accord avec Didier ?”. Des propos qui ont créé la polémique, dans un contexte de prolongation de Didier Deschamps à la tête de l’équipe de France, jusqu’en 2026 et sans concertations avec les autres instances dirigeantes de la fédération.
Malgré les bons résultats de Didier Deschamps à la tête de l’équipe de France, les propos tenus par Noël Le Graët ont provoqué un tollé inédit au sein du monde du football. Champions du monde 1998 et joueurs encore en activité ont pris la défense de Zizou sur les réseaux sociaux. “Zidane, c’est la France, on manque pas de respect à la légende comme ça…”, à déclaré Kylian Mbappé sur Twitter.
Après une convocation Mercredi 11 janvier du comex de la FFF, l’homme a donc été mis en retrait de ses fonctions. Le Comex, comité exécutif de la FFF, n'a pas été convaincu par les explications de l’homme. Ils ont nommé dans la foulée Philippe Diallo à la tête de la fédération, pour assurer l’intérim. Ils ont enfin mis à pied la directrice générale Florence Hardouin et validé « à l’unanimité » la prolongation de Didier Deschamps en tant que sélectionneur jusqu’en 2026.
Julien Poireau