La question de la livraison de chars à l’Ukraine est épineuse pour les Occidentaux alliés de Kiev. Différentes problématiques se posent. D’abord, la question des coûts à assumer en vue de l’entretien de ce matériel notamment, les réductions de l'effectif des chars sur le territoire de leur constructeur, en proie donc à une réduction de leur effectif de défense nationale et les risques d’escalade du conflit qui en découle.
C’était le feuilleton de ces derniers jours au sujet de la guerre en Ukraine, une décision attendue et vue comme un potentiel tournant du conflit, car la stratégie de l’Ukraine pourrait ne plus seulement reposer sur une stratégie défensive et le pays pourrait tabler sur des attaques ciblées et efficaces du territoire russe.
Quelles décisions ont été actées ?
Le chancelier allemand Olaf Scholz a statué et 14 chars Léopards 2 seront bien livrés par la Pologne à l’Ukraine. Ce cheminement a pris du temps, car les chars allemands restaient les seuls disponibles pour l’instant. Pour diverses raisons, les chars léopards font d’abord partie des plus sophistiqués du monde avec les chars Leclercs français ou les chars anglais. Ils ont aussi l'atout d’avoir été produits à plus de 3 000 exemplaires. Des exemplaires vendus à travers l’Europe et notamment en Pologne, qui souhaite avec insistance fournir des chars à son voisin. Si l'Allemagne doit donner son aval à la Pologne pour cette livraison c’est que contractuellement, le pays acheteur de ces chars ne peut en faire don ou en vendre sans l’aval du vendeur. En résumé de nombreux exemplaires existent, la livraison peut être rapide et leurs forces de frappe sont importantes. Bien que réticent, l'Allemagne a donc “accordé son feu vert à la livraison de chars Léopard” explique la chancellerie allemande dans un communiqué. Cette décision fait suite à diverses pressions subies d’abord de la part des alliés occidentaux, réticent dans un premier temps à les livrer, le chancelier a aussi
De leur côté, les Etats-Unis ont eux aussi décidé de se résoudre à la livraison à la livraison de leurs chars M1 Abrams d’après l’agence de presse Reuters.
Qu’en est-il de la France ?
“Pour ce qui est des Leclerc, j’ai demandé au ministre des armées d’y travailler et rien n’est exclu”. C’est la phrase prononcée par Emmanuel Macron au sujet de la livraison de chars français et pour l’instant, le pays est plutôt réticent. En cause, la France possède environ 220 chars Leclerc, bien moins que son voisin outre-Rhin, et pour assurer une pertinence militaire à cette livraison, il faudrait en livrer une centaine, soit plus de la moitié des effectifs de chars français. Ici, la France pourrait créer un problème dans sa défense et sa sécurité nationale. Les enjeux sont aussi lourds vis à vis de la date butoir qu'est le sommet entre l'Ukraine et les pays de l'Union Européenne.
Des risques d'escalade existent ?
Une force de frappe justement, tel a été l’objet du débat entre les alliés de l’Ukraine à Ramstein. Car oui, de nouvelles possibilités militaires s'ouvriront à l’Ukraine au moment de la livraison de ces chars d’assaut, c'est-à-dire des chars capables de toucher le territoire russe. L’objectif des alliés étant pour l'instant annoncé comme renforcer une défense ukrainienne, l’envoi de ses chars possède le risque d’une escalade du conflit. Cette crainte entre en corrélation avec les doutes, notamment français sur la réduction de leur force de défense ; la guerre pourrait aussi devenir encore plus meurtrière qu’elle ne l'ait déjà avec deux pays qui s'affrontent avec des armes de plus en plus lourdes. Cela pourrait aussi accroître le rayonnement de l’Ukraine qui pourrait toucher le territoire national russe grâce à la portée des chars.
Raphaël Palma
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